Une macroéconomie décevante

Le 10/06/2011
1 euro = 1,4451 dollars

L’euro s’échange actuellement à 1,44 dollars. En une semaine, le taux spot est passé de 1,4345 à 1,4674 (au plus haut mardi dernier). Néanmoins, il baisse significativement depuis hier après-midi.

Actualités
Les demandes d’allocations chômages américaines sont passées de 422 000 à 427 000. Le déficit commercial s’est réduit de 6,7% entre mars et avril, passant de -4¬6,8 à -43,7 milliards de dollars. Cette réduction est la conséquence d’un bond record des exportations et d’une réduction de près de 25% des importations en provenance du Japon, suite au séisme de mars dernier.

Hier, la BCE a annoncé le maintient de son taux directeur à 1,25%. Cependant, Jean-Claude Trichet, Président de la BCE a annoncé un possible relèvement des taux en juillet. L’euro est donc plus attractif car il offre un meilleur rendement anticipé que le dollar. En effet, les taux américains sont très bas et il n’y a aucune perspective de relèvement pour le moment.

La monnaie européenne a, néanmoins, été pénalisée par des chiffres macroéconomiques décevants. La production industrielle allemande a baissé de 0,60% contre toute attente au mois d’avril tandis que le déficit commercial de la France est ressorti en hausse à 7,144 milliards d’euros.

Macroéconomie
Le discours de Ben Bernanke, Président de la FED, a permis un regain du dollar face à l’euro depuis hier après-midi. De plus, l’attente des relèvements de taux dans la zone euro ainsi que le retour de la méfiance concernant la crise grecque joue en faveur du dollar. Enfin, la hausse surprise des exportations américaines vient effacer les mauvais résultats de l’emploi affichés la semaine dernière.

Risques
Le PIB grec a chuté de 5% entre janvier et mars. Certains pays de la zone euro pensent qu’il serait judicieux de restructurer la dette grecque car ces mauvais résultats empêchent la Grèce d’honorer ses engagements. Cependant, ce plan de restructuration est considéré comme un défaut par les agences de notation. La zone euro et la monnaie européenne pourraient donc en pâtir.

Fitch a, comme Moody’s, mis en garde les États-Unis concernant leur dette mercredi dernier. En effet, un défaut du premier emprunteur mondial et de la première monnaie de réserve pourrait avoir de fortes répercussions négatives sur l’économie. De plus, la situation de sortie de crise fragilise l’édifice financier américain.

Analyse théorique

Le QE 3 mis en place par le gouvernement américain pour relancer l’économie consiste à injecter de la monnaie sur le marché. En théorie, cette opération devrait faire baisser le taux d’intérêt car l’offre de devise augmente. Les investisseurs étrangers vont alors se détourner des actifs américains moins rentables et préférer d’autres actifs plus rémunérateurs (comme des actifs européens par exemple). A court terme, la devise américaine va donc baisser vis-à-vis de l’euro. Cependant, l’augmentation de la demande d’actifs européens va automatiquement baisser les spreads. Les actifs européens seront moins demandés à plus long terme et il y aura un réajustement à la baisse du taux spot EUR/USD.

Calendrier de la semaine
Les cambistes suivront par ailleurs aux Etats-Unis la publication à 14h30 des prix à l’importation attendu par le consensus à -0.6%, puis à 20h00 la publication du solde budgétaire fédéral attendu à -148.2B.

La semaine prochaine, on pourra connaître l’indice des principales ventes aux détails (reflétant la consommation) aux USA. Les chiffres précédents indiquent une diminution de ces ventes. On peut donc s’attendre à une dévaluation du dollar si cette baisse est confirmée.

Il faudra également surveiller l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) qui sera publié Mercredi dans l’après-midi. L’inflation est en effet une cause majeure de la fluctuation des taux de change. Si elle augmente, la FED pourrait relever ses taux et attirer ainsi les devises étrangères, entrainant une appréciation du dollar.

Conclusion
Le taux spot EUR/USD était globalement haussier depuis une semaine. Suite aux prévisions de relèvement des taux directeurs par la BCE en juillet et les tensions autour de la dette grecque, la tendance s’est inversée depuis hier jusqu’à atteindre un minimum 1,4451 dollars aujourd’hui à 12h.

Cependant, l’annonce de statistiques américaines peu favorables en début de semaine prochaine devrait rectifier cette inversion. L’euro devrait donc reprendre sa course vers l’avant.

Vanessa Dreyer Paul Hirel

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