Dexia est une banque européenne, leader mondial sur le marché du financement des équipements collectifs et des services financiers au secteur public. De plus, en tant que banque universelle, elle exerce les métiers suivants : services financiers aux particuliers, trésorerie et marchés financiers, gestion d’actifs, services aux investisseurs. Dexia se classe ainsi parmi les quinze plus grands établissements financiers de la zone euro avec une capitalisation boursière de EUR 20,3 milliards au 31 décembre 2007. Au vue des derniers résultats, alors qu’elle entendait développer son activité de banque universelle au-delà de ses marchés traditionnels, elle va recentrer ses activités de base en Belgique, en France et au Luxembourg pour redevenir un banquier traditionnel. Dexia va donc se réorienter vers deux secteurs : le financement des collectivités locales et la banque de détail.
En effet, la banque accuse une perte historique et colossale au troisième trimestre 2008, de 1.544 milliard d’euros. Cette perte est bien entendu la conséquence de la crise financière : elle a eu un impact négatif de 2.191 milliard d’euros, la filiale américaine FSA étant en cause à hauteur de 460 millions d’euros et les grandes faillites bancaires du mois de septembre à hauteur de 741 millions d’euros (482 millions euros sur Lehman Brothers,188 millions euros sur les banques islandaises, 63 millions euros sur Washington Mutual et 9 millions euros sur Hypo Real Estate). Depuis le début de l’année, le résultat net part du groupe ressort avec une perte de 723 millions d’euros. Cependant, en dehors des conséquences graves qu’a eues la crise financière, le résultat net part du groupe est stable à 647 millions d’euros, comparé aux 655 millions d’euros du troisième trimestre de l’an passé.
DEXIA et FSA
Voulant se désengager d’une activité d’assurance ne faisant plus partie de son cœur de métier, Dexia a donc vendu une partie de FSA à Assured Guaranty pour 722 millions de dollars, moitié en actions moitié cash. Suite à cette transaction Dexia détient maintenant un peu moins d’un quart de Assured Guaranty. La banque franco-belge va enregistrer au quatrième trimestre une perte d’environ 1,5 milliard d’euros liée à la moins-value de la cession de FSA. En effet, même si vendre FSA coûte cher, conserver cette filiale aurait pu coûter encore plus cher. La vente d’une partie de cette filiale était un « premier pas nécessaire » pour se prémunir de l’exposition significative du marché américain. Cependant, ce ne sont pas les produits « à risque » qui ont été vendus. Les activités Financial Products de FSA, ces produits à risques d’un montant de 16,5 milliards de dollars, sont restés en dehors de la transaction et appartiennent donc toujours à Dexia. Les États belges et françaises vont garantir ces actifs risqués à hauteur de 16,7 milliards de dollars (dont les 2/3 sont assurés par l’État belge). La banque couvrira toutefois la première perte de 3,1 milliards de dollars excédant les provisions existantes.
Cette garantie, combinée à la précédente garantie d’État portant sur l’accès au financement de Dexia permet à celle-ci de faire face à cette crise financière mondiale majeure. En effet l’injection de capital de 6,4 milliards d’euros ont renforcé le ratio de solvabilité (Tier 1) qui s’établit à 14,5 % à la fin du mois de septembre et ont permis de surmonter la crise de liquidité. En plus de ceci et du recentrage de son activité, Dexia va mettre en place un plan de transformation :
Le groupe souhaite réduire son profil de risque au moyen d’une diminution significative de ses activités de trading et de la mise en run-off de ses portefeuilles obligataires, ce qui aura un effet bénéfique sur la liquidité.
La direction a également mis en place un programme visant une réduction des coûts de 15 %. Des économies initiales de 300 millions d’euros ont déjà été identifiées et des réductions significatives sont réalisables en 2009. Enfin, l’équipe dirigeante a été profondément remaniée (le nombre de membres du comité de direction a été ramené de 10 à 5), l’organisation simplifiée et la gouvernance renforcée.
DIVIDENDES
Depuis sa création, Dexia mène une politique de croissance régulière du dividende. Le bénéfice par action a progressé entre 2005 et 2006 passant de 1,87€ à 2,36€ et les dividendes versé de 0,71 à 0,81. Cependant la crise se faisant sentir dès 2007, on a vu légèrement fléchir le bénéfice par action à 2,17€. Mais constant dans sa politique de distribution, Dexia a augmenté son taux de distribution permettant ainsi aux actionnaires de toucher 0,91€ de dividende par action. Le dividende distribué est estimé à 0.28 € en 2008 et 0.45 € en 2009.
PERSPECTIVES
Les résultats comptables du quatrième trimestre seront influencés défavorablement, mais la solvabilité restera solide .
Ainsi, les marchés financiers resteront bouleversés au quatrième trimestre ce qui contribuera au maintien des résultats dans le rouge. La cession de l’activité d’assurance de FSA et le confinement de l’activité Financial Products ont permis une baisse de l’exposition au risque futur mais au prix d’une moins value de cession importante qui impactera le quatrième trimestre. De même, le début de la réduction des activités et des portefeuilles ainsi que les charges de restructuration supplémentaires vont permettre à Dexia d’avoir plus confiance face à la crise mais les frais engagés vont influencer négativement les comptes. Notons que des coûts supplémentaires liés aux garanties d’État et la détérioration du marché depuis la fin du troisième trimestre vont causer une augmentation des coûts de financement tout aussi néfaste.
RECOMMENDATION
Depuis 2007, Dexia a perdu près de 85% de sa valeur. La volatilité sur le court terme reste très importante et donc source de risque. Au vu des turbulences importantes actuelles, les rebonds techniques ne seront pas facilement exploitables et difficiles à prévoir. De plus, le plan de transformation ne verra ses effets que d’ici 2009/2010. Attendons cette période avant de nous lancer. Enfin, un cours si bas signifie que le marché « connait » mieux que nous les difficultés de cette banque, ce qui dénote un risque tellement important qu’entre les rebonds techniques éventuels et le pessimisme du marché, nous recommandons l’attente.